Écrit par Alisée Oléon
Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel
La première fois, je suis passée à côté sans le voir. Préparant le parcours de la deuxième édition de la Bal(l)ade des Dames, j’arpente le quartier du Pont du Routoir, de femme en femme. Mais ce banc, situé boulevard Jean Jaurès, m’échappe. C’est ma collègue Fatima, Guyancourtoise depuis plus de 40 ans qui me le signale : banc Jacqueline Laparra. Aucune trace d’elle dans les archives municipales, Jacqueline vit avant tout dans les mémoires. D’archiviste, je me transforme en enquêtrice, j’interroge, j’accumule des pistes, je découvre que Jacqueline était un pilier de l’association Guyancourt Accueil. Je rencontre Anne, Bénédicte, Annick, qui l’ont entouré au sein de l’association. Elles me parlent d’elle et me partagent leurs archives.
Née en 1921 dans l’Aisne, Jacqueline BONNET, épouse LAPARRA, s’installe avec sa famille 3 allée du Commerce à Guyancourt, en 1978. Veuve 3 ans plus tard, elle se retrouve seule avec ses 6 enfants. C’est grâce aux parties de bridge organisées par la toute nouvelle association Guyancourt Accueil que Jacqueline rencontre les habitants du quartier. Enthousiasmée, elle devient quelques mois plus tard la secrétaire de l’association, poste qu’elle occupera jusqu’en 2003. Durant 20 ans, elle participe à l’organisation de multiples activités : dessin, gymnastique, conférences, art floral, mais aussi ateliers sociaux linguistiques, gardes d’enfants entre voisins, écrivain public…L’association s’étend à tous les quartiers de la ville avec comme leitmotiv, créer du lien entre les gens, faciliter les rencontres et la solidarité. Jacqueline veut offrir aux autres ce qu’on lui a donné : du soutien, des amitiés, de la joie.
Infatigable, ses amies la décrivent comme « combative et volontaire ». Combative, elle dû l’être ! Elle a connu la guerre, affronté un cancer et ses rechutes, une septicémie, un veuvage. Celle qui se destinait à être professeuse d’éducation physique avant la guerre a triomphé de tout, a soutenu ses enfants et ses 19 petits enfants et s’est mise au service de son quartier et de sa ville. En reconnaissance, Guyancourt lui offre ce banc le 27 mars 1999.
Jacqueline est décédée en 2007 et est enterrée à Versailles.
Avec le temps, les mémoires s’estompent, mais les archives restent. Elles bruissent de vies et de souvenirs qu’il faut savoir écouter et transmettre. Ce texte y participe. Alors s’il vous plait, lorsque vous passerez boulevard Jean-Jaurès, asseyez-vous quelques minutes et ayez une pensée pour cette petite femme au destin peu ordinaire.