Ariane

Qu’elle soit personnage mythologique ou fusée, Ariane c’est le « scratch » de l’allumette dans la nuit noire pour suivre une idée folle : libérer la Crète du Minotaure ou voyager dans l’espace. Mais qui es-tu Ariane, fille sacrée ou sacrée fille, qui as le goût de la lumière et de l’inconnu ?

Ariane attend les heures douces, errant dans les couloirs sombres du palais de son père, le roi Minos. Les volets sont fermés et dehors Hélios, le Soleil, assèche le sol blanc de Crète. Ce jour là, quand enfin Hélios en fin de course se pose à l’horizon, Ariane ouvre les fenêtres, la lumière pénètre dans le palais et la jeune fille s’écrie : « Bonjour grand-père ! » Car Ariane est une fille cosmique, petite fille d’Hélios par sa mère et petite fille de Zeus – celui qui fait jaillir la foudre et les éclairs – par son père ! En regardant Hélios disparaître peu à peu dans la mer Ariane rêve de suivre un de ses rayons dorés, un de ses longs fils de lumière pour quitter à jamais cette île maudite. Car le palais de Minos n’est pas tranquille. Derrière une lourde porte de cuivre rugissent des cris à glacer le sang : c’est le monstre, le Minotaure, la punition de Poséidon contre Minos qui s’est cru plus fort que lui, l’homme taureau caché au fond d’un labyrinthe qui dévore tous les ans sept jeunes hommes et sept jeunes femmes venus d’Athènes, la cité contre laquelle la Crète est en guerre.

Quand Hélios lance son dernier rayon, Ariane pense : « Paieront-ils longtemps pour la folie de Minos les jeunes gens de Crète et d’Athènes ? Ça ne finira donc jamais ? » Si ! Grâce à l’élan de deux amoureux épris de liberté : Ariane la Crétoise et Thésée l’Athénien. Lui, il se cache parmi les victimes offertes au Minotaure, il veut affronter le monstre sans arme, avec son courage et ses poings. Le fou ! Elle, Ariane, est encore plus folle : elle arrête Thésée devant la porte de cuivre, lui fait promettre de l’emmener loin de Crète en échange d’un fil doré, un fil de lumière pour qu’il trouve son chemin dans le labyrinthe obscur. Coup de foudre pour la fille cosmique et promesse du jeune homme. Thésée tue le Minotaure et ressort des ténèbres grâce à la ruse d’Ariane. Ensemble ils prennent la fuite.

On dit qu’ils s’aimèrent. On dit que sur l’île de Naxos, alors qu’Ariane dormait sur le rivage, Thésée est parti, la laissant à Dionysos tombé amoureux de la rebelle. L’Histoire a retenu les larmes d’Ariane abandonnée, Racine l’a même fait mourir de chagrin :

C’est oublier les récits antiques qui racontent l’amour joyeux d’Ariane et de Dionysos ! Pensez donc, la petite fille du Soleil et le dieu de l’Ivresse ! A la mort d’Ariane, Dionysos aurait lancé sa couronne jusqu’aux voûtes du ciel où elle est encore accrochée, formant ce groupe d’étoiles que l’on nomme « couronne boréale ». Ainsi Ariane, fille cosmique ou fusée, déroule son fil de lumière dans l’épaisseur des nuits. Précédant les aventurières du ciel – Adrienne Bolland, Caroline Aigle, Hélène Boucher, Jaqueline Auriol et Maryse Bastié, qui ont donné leur nom à des rue de Guyancourt– elle est celle qui sèche ses larmes et regarde vers d’autres rives.