Écrit par Alisée Oléon
Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel
Andrée Viénot (1901-1976)
Piscine Andrée-Pierre-Viénot. Elle est là, cachée dans un nom. Si on ne fait pas attention, on pense qu’il s’agit d’un homme. Et puis un jour, l’orthographe saute aux yeux : Andrée.
Elle est née Andrée Mayrisch, dans une famille industrielle luxembourgeoise. Son enfance est exceptionnellement libre et moderne en ce début de XXe siècle. Aline de Saint-Hubert, sa mère, est une femme de lettres, amie de l’autrice Maria van Rysselberghe et d’André Gide. Dans son salon se pressent les intellectuels, les artistes et les hommes politiques. Nourrie de ces rencontres, Andrée obtient son bac à 17 ans. Elle voyage, hésite entre des études de médecine en Suisse, et de sciences politiques en France. Elle choisira finalement la London School of economics où elle obtiendra sa licence. Marquée par l’engagement de sa mère, fondatrice de la Croix-Rouge luxembourgeoise, et le paternalisme social de son père, elle commence à militer dans les cercles socialistes anglais. Elle y rencontre son futur mari, Pierre Viénot.
En 1930, elle adhère au parti socialiste SFIO, collabore à des revues de gauche et participe activement à la vie politique des Ardennes, dont Pierre est député. Avec sa mère, elle aide les réfugiés allemands anti-nazis, et lorsque la guerre éclate, le couple s’engage dans la Résistance. La fin de la guerre marque pour Andrée, devenue veuve, le début de sa carrière politique nationale. En 1946, elle est élue députée des Ardennes. De juin 1946 à janvier 1947, elle est nommée sous-secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et des Sports. Dans ce court laps de temps, elle crée le corps des Inspecteurs de la jeunesse et des sports, favorise les mouvements laïcs pour la jeunesse et a pour ambition de contribuer à la « revalorisation physique et morale de la jeunesse ».
Si Andrée renonce à son mandat de députée en 1947 pour s’occuper de ses enfants, elle reprend aussitôt son engagement local et au sein du parti socialiste. Elue maire de Rocroi en 1956, elle le restera jusqu’à son décès en 1976. Andrée est une anticolonialiste et une européenne convaincue, qui s’implique dans le Comité central de la Ligue des Droits de l’Homme Ecœurée par l’action du gouvernement en Algérie, elle démissionne du SFIO en 1956. Femme d’engagement, fidèle à ses valeurs, elle écrit : « Aujourd’hui, il ne m’est plus possible de rester dans un parti dont les dirigeants, ayant accédé au gouvernement, ont renié non seulement les promesses faites aux électeurs, mais toute leur morale ». À la fin des années 1960, c’est « idéologiquement un peu dépassée » qu’elle se replie sur la vie politique locale. Décédée à Charleville-Mézières, elle léguera les œuvres d’art familiales à la Croix-Rouge.