Écrit par Marine Bachelot Nguyen
Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel
Eugénie Cotton a donné son nom à une école à Guyancourt, mais aussi à un cratère sur Vénus.
Physicienne brillante, militante communiste et féministe, elle oeuvre à la réforme de l’enseignement destiné aux filles, et milite internationalement jusqu’à la fin de sa vie.
Eugénie Feytis naît en 1881 à Soubise, sur les bords de la Charente, de parents marchands d’épices. Elève boursière au lycée de Niort, elle passe son bac en 1898, et entre en 1901 à l’Ecole Normale Supérieure pour jeunes filles de Sèvres, où elle rencontre Marie Curie ou encore Luce Langevin, des pionnières comme elle.
En 1904, Eugénie est reçue première à l’agrégation de sciences physiques, puis enseigne. Elle épouse Aimé Cotton, lui aussi physicien et professeur, le couple a 3 enfants. En 1925 elle obtient sa thèse et est maîtresse de recherches au CNRS. En 1936, sous le Front Populaire, elle devient directrice de l’Ecole de Sèvres : elle contribue à élever le niveau de l’enseignement scientifique pour les filles, développe le laboratoire et les recherches. Parallèlement, elle soutient des réfugiés antifascistes allemands et antifranquistes espagnols. Alors sous l’Occupation, en 1941, elle est contrainte de quitter son poste, mise à la retraite d’office par le régime de Vichy.
Après la guerre, en 1944, elle participe à la fondation de l’Union française des femmes, puis devient présidente de la FDIF (Fédération Démocratique Internationale des Femmes), influente organisation pro-communiste. Eugénie voyage, côtoie des féministes du monde entier, indiennes, chinoises, soviétiques, mène des combats pour l’antifascisme, la paix, l’amélioration des droits des femmes et des enfants. On peut la voir à la tribune, sur de nombreuses images en noir et blanc, souriante, regard vif, teint mat et élégant chignon, parmi des camarades de lutte. En 1950, elle reçoit le prix Lénine pour la paix, équivalent du Prix Nobel en Occident. Et aussi la Légion d’honneur. Mais aux médailles, elle préfère les écoles et lycées, et les cratères sur Vénus. Jusqu’à la fin de sa vie, elle sera membre active et impliquée du Conseil mondial de la paix, et de l’association d’amitié France-URSS.
Elle meurt à 86 ans, en juin 1967. Elle repose au cimetière de Sèvres, et continue de déployer sous la terre avec malice des alchimies communistes et féministes, qui circulent jusqu’à Vénus.