Écrit par Catherine Verlaguet
Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel
Elle née Aurore Dupin, en 1804 d’un père aristocrate et d’une femme du peuple mariés clandestinement. Sa mère n’est pas le genre de femme à se laisser dicter sa conduite, ni à avoir sa langue dans sa poche. Son arrière-grand-mère paternelle non plus.
Quand son père meurt, sa grand-mère paternelle propose à sa mère une rente annuelle contre sa garde. C’est ainsi qu’elle reçoit, au château de Nohant-Vic, une éducation conforme à celles des jeunes filles. Sa grand-mère paternelle est plus classique que sa mère ou son arrière-grand-mère – mais elle l’adore ; Aurore est libre de courir et elles parlent librement de tout.
C’est toujours instructif de connaître les codes de son époque, ne serait-ce que pour s’en affranchir sans finir en prison.
A 16 ans, elle est l’unique héritière de cette riche grand-mère qui l’a élevée ! Mais comme elle est mineure, sa mère arrange rapidement son mariage avec un avocat de 42 ans qui devient son tuteur, celui de sa fortune et de ses biens.
Le couple a deux enfants. La famille vit à Nohant. Aurore s’ennuie. Son mari boit. Elle fait exprès de l’agacer pour qu’il la laisse partir : ils conviennent d’une séparation à l’amiable. Son mari reste vivre à Nohant avec les enfants ; elle s’installe à Paris avec la rente qu’il lui accorde.
Plus tard, elle se battra en procès pour une séparation de corps officielle, récupérer son héritage – et elle gagnera.
A l’image des femmes qui l’ont élevée, elle veut être libre de penser, d’aimer, d’écrire – elle n’a jamais voulu être un homme, mais elle a voulu leur liberté.
A Paris, elle obtient de la préfecture le droit de s’habiller en homme parce que c’est plus pratique et moins cher. Mais elle est féminine quand elle veut : elle aime séduire, et aimer.
Son amant s’appelle Jules Sandeau. Ils publient ensemble un premier roman qu’ils signent J. Sand. Le roman a du succès ; l’éditeur leur en commande un autre ! Elle vient d’en terminer un, mais Jules ne veut pas en partager la paternité. Ils trouvent un accord : elle garde le nom de Sand mais change de prénom. L’éditeur insiste pour qu’il soit masculin – la littérature féminine ne se vend pas très bien ; elle choisit George.
George Sand.
Ses premiers romans sont sur la réhabilitation de la femme. Ensuite, ses histoires sont plus sociales, politiques. Elle est républicaine et ne s’en cache pas. A la fin de sa vie, elle écrit surtout du théâtre.
Elle écrit plus de 70 roman sous les moqueries misogynes de certains contemporains masculins mais elle s’en fout. Elle est aimée par Mérimée, Liszt, Chopin, bien d’autres ! Et surtout Alfred de Musset, avec lequel elle a une relation intermittente passionnelle pendant des années.
Elle est la première femme à vivre de l’écriture et elle y tient : son indépendance financière, c’est sa liberté.
Sa maison devient une résidence d’artistes où ses amis viennent écrire, parler, échanger… manger. Elle aime recevoir, être maîtresse de maison.
Être homme de lettre ne l’a jamais empêchée d’être une femme.