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Maryse Bastié

Écrit par Sarah Pèpe

Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel

Attachez vos ceintures. Décollage imminent. Avec Maryse Bastié, née Marie-Louise Bombec, le 27 février 1898.
 
Le début est difficile. La mort s’invite au banquet trop souvent. Lui ravit son père. Son frère. Son second mari, le lieutenant pilote Louis Bastié. Ce dernier lui aura donné le goût de l’envol et un an avant qu’il disparaisse, elle obtient son brevet de pilote; elle effectue dans la foulée son premier voyage aérien, de Bordeaux à Paris.
 
Sans lui, elle trouve la force de continuer, parce que «rien ne meurt qui porte des ailes». Peut-être qu’elle traverse le ciel pour côtoyer toutes ces vies en-volées.
 
Après la fermeture de son école, où elle est instructrice-pilote, elle monte à Paris. Bien décidée à voler sur les ailes de son désir, malgré ceux qui la voudraient occupée aux soins du ménage, elle achète son propre avion grâce au pilote Maurice Drouhin, qui lui offre en 1928un poste de première pilote.
 
Avec lui, elle établit son premier record féminin de distance entre Paris et Treptow-sur-Rega. Suivront en 1929, les records féminins de durée, à l’échelon national puis international. Parce que Léna Bernstein lui reprend le titre en 1930, elle décolle à nouveau. Quand elle arrive après 37h55 de vol, épuisée, ayant lutté contre la faim et le manque de sommeil, en aspergeant ses yeux d’eau de Cologne, tous les regards sont tournés ailleurs, vers Costes et Bellonte qui viennent de réussir le premier vol Paris New York.
 
Elle continue.
 
1931. Paris-URSS. Record féminin international de distance. Reçoit la croix de chevalière de la Légion d’honneur et le Harmon Trophy américain décerné, pour la première fois, à une française.
 
Elle n’oublie pas l’importance de la transmission et crée son école en 1935, à Orly.
 
La mort frappe encore. Elle emporte son fils. Puis l’aviateur Jean Mermoz. En l’honneur des /en hommage aux encouragements de ce dernier, elle survole l’Atlantique de Dakarà Natal, en douze heures et cinq minutes. Et décroche le record du monde féminin de vitesse.
 
Elle vole au-dessus des injonctions, des assignations, des interdits.
S’élève en faveur du vote des femmes, car «si elles paient des impôts, elles doivent pouvoir élire les députés qui les votent».
Seconde guerre mondiale. A ceux qui refusent son projet de phalange féminine, prétendant que:
« Les femmes ne doivent pas ajouter aux horreurs de la guerre : elles doivent au contraire remplir leur mission naturelle, admirable, sublime qui est toute de bonté et de pitié.»
Elle répond: «le courage et l’endurance ne sont pas des vertus exclusivement masculines,» et elle s’engage pour convoyer des avions vers le front. S’y blesse en 1940. Est démobilisée.
Ne renonce pas.
S’engage à la Croix-Rouge, notamment auprès des prisonniers français à Drancy. Un jour, lors d’une altercation, une sentinelle allemande la pousse. Brise son coude. Et sa carrière de pilote.
 
Ne renonce pas.
 
Devient espionne et recueille des renseignements sur l’occupant. À la Libération, promue lieutenante dans les forces françaises libres, puis première femme commandeure de la Légion d’Honneur à titre militaire, elle continue à exercer au sein de l’Armée de l’air.
 
Un avion est son tombeau le 06 juillet 1952. Un avion qu’elle emprunte en tant que passagère. Victime d’une erreur du pilote.
 
Vois: le ciel porte encore les traces de tous les chemins que tu as dessinés, de tous les possibles que tu as ouverts, par ton audace, ta persévérance, ton combat, ta force, ton courage, ta puissance et ta liberté.

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